« Nous exigeons la transparence »Les Jeux olympiques de Milan et Cortina/I font l’objet de critiques. Vanda Bonardo, présidente de CIPRA Italie, raconte dans une interview comment la CIPRA s’est engagée en 2024 pour plus d’ouverture et un débat plus large.https://76f4797.online-server.cloud/Plone/fr/rapport-annuel-2024/wir-fordern-transparenzhttps://76f4797.online-server.cloud/Plone/@@site-logo/cipra_logo_de.svg
« Nous exigeons la transparence »
28/04/2025
Les Jeux olympiques de Milan et Cortina/I font l’objet de critiques. Vanda Bonardo, présidente de CIPRA Italie, raconte dans une interview comment la CIPRA s’est engagée en 2024 pour plus d’ouverture et un débat plus large.
Vanda Bonardo, Présidente CIPRA Italie
Ces Jeux olympiques d’hiver en Italie devraient être sans conséquences financières, durables et transparents. Comment la CIPRA évalue-t-elle la mise en œuvre de ces objectifs jusqu’à présent ?
Au départ, les dépenses étaient prévues à hauteur de 343 millions d’euros, puis elles sont passées à un milliard, et actuellement les coûts s’élèvent à 5 milliards d’euros. On disait que les Jeux seraient les plus durables de tous les temps. Il était par exemple prévu de remettre en état la piste de bobsleigh des derniers Jeux olympiques de 2006. Mais tout le monde savait qu’il ne restait guère plus que des ruines de l’ancienne installation. Il a fallu démolir et reconstruire. Même le Comité international olympique (CIO) s’y est opposé, mais les intérêts des groupes de pression ont fini par prévaloir. Je pourrais aussi parler des extensions exagérées des pistes de ski, des nouveaux bassins pour l’enneigement artificiel ou de la construction de routes supplémentaires. Les nouvelles télécabines du carrousel de ski dans les Dolomites devraient même traverser le site Natura 2000 de protection de la nature.
Que demande la CIPRA pour réduire l’impact sur l’environnement ?
Nous demandons de la transparence et que les prochains Jeux olympiques soient réellement durables et pas seulement sur le papier. Il faut utiliser les installations existantes, et ensuite peut-être répartir les Jeux non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps. Ils ne doivent plus être un symbole de gaspillage, mais l’expression de la responsabilité et de la modération. Il faut plus de modestie dans la planification, la gestion et la réalisation. Cortina, par exemple, se transforme de plus en plus en une destination exclusive pour les riches, au détriment de la population locale. Il faut également tenir compte des conséquences sociales et économiques : pour préserver les communautés et protéger un environnement aussi intact que possible.
Quelles mesures la CIPRA a-t-elle prises pour influencer le débat sur les Jeux olympiques ?
Au début, en tant que CIPRA Italie, nous avons toujours cherché le dialogue et participé à la table ronde de la Fondazione Milano Cortina. Mais à chaque fois que nous avons demandé des informations, nous avons reçu des réponses différentes. Nous avons donc décidé de nous retirer de ces discussions. En même temps, nous demandons que de telles situations ne se reproduisent plus à l’avenir. Le minimum, et en fait le plus évident, est la transparence dans la transmission d’informations et dans les discussions publiques. C’est ce que nous avons exigé par la suite avec l’association Libera. Avec une vingtaine d’autres organisations, nous avons lancé le projet « Open Olympic ». Notre objectif est de créer un portail public qui rassemble toutes les données et les projets pertinents relatifs aux Jeux olympiques. Tou·te·s les citoyen·ne·s peuvent ainsi accéder aux informations et se faire leur propre idée.
Les prochains Jeux olympiques d’hiver auront lieu dans les Alpes françaises en 2030. Selon vous, de quoi les ONG françaises devraient-elles tenir compte ?
Tout d’abord, nous devrions utiliser nos expériences passées et poser dès maintenant des questions claires sur la transparence. Nous devons exiger que nos préoccupations soient prises au sérieux. Il devrait être évident qu’il n’y aura pas de nouvelles constructions s’il y a déjà des structures existantes. J’espère que l’histoire de l’Italie – de Turin 2006 à aujourd’hui – nous apprendra à quel point il est important de poser certaines exigences dès le début. Celles-ci doivent être formulées le plus rapidement possible, avant que nous nous retrouvions tout à coup juste avant les Jeux olympiques, quand il sera trop tard. Car il ne s’agit souvent que de maintenir le spectacle en vie et de faire comme si rien ne s’était passé..